Les pansements seconde peau
Cela fait quelques temps que je me disais qu’il fallait que j’écrive quelque chose au sujet des pansements dits de « seconde peau ». Ils sont devenus à la mode dans le milieu du tatouage et j’ai eu l’occasion de voir leurs résultats...
Ils ont été développés au départ pour répondre aux besoins très spécifiques en matière de cicatrisation des grands brûlés. Je tiens à préciser que je ne suis aucunement spécialiste de la cicatrisation des brûlures, et que je ne parle ici de l’utilisation de ces pansements que dans le cas du tatouage.
Je vais décrire ici quelques unes des particularités de ces pansements
Les particularités du pansement "seconde peau" lors d'un tatouage
Ils sont relativement étanches, quoi que l’on conseille de ne pas se baigner avec. En effet, ils ne permettent pas à un liquide dans lequel on est en immersion de rester hors de contact avec la plaie. Ils facilitent juste le confort sous la douche en évitant à l’eau qui ruisselle de venir heurter la sensibilité d’une peau abrasée ou brûlée.
Les pansements « seconde peau » sont dits « respirants », c’est à dire qu’ils permettent à l’oxygène de rentrer en contact avec la plaie. Cependant même s’ils sont « respirants », ils ne permettront jamais à l’air de circuler aussi librement sur la peau qu’en leur absence; c’est une simple question de logique.
Ce que j’ai concrètement observé, du fait même de leur étanchéité, c’est qu’au bout de deux, trois ou quatre jours, ils retiennent inévitablement les fluides rejetés par la peau pendant les premières phases de la cicatrisation : sang, lymphe, rejets d’encre, sueur... En conséquence le tatouage macère dans un liquide fait d’exsudats physiologiques, et de déchets que le corps cherche à éliminer. On ressent en général à ce stade une furieuse envie de se débarrasser du pansement, ce qu’il faudrait vraiment faire !
Je ne suis absolument pas partisane d’une cicatrisation en milieu humide pour les tatouages ; je pense que ceux-ci doivent être cicatrisé en milieu sec, avec l’aide d’un bon baume ou crème cicatrisants.
J’en profite pour dire encore que le tatouage est de l’encre insérée dans le derme, que seul l’épiderme pèle et se renouvelle. Il n’y a ainsi cicatrisation que de l’épiderme et du derme. L’hypoderme, non touché par le processus du tatouage, reste intact. Le tatouage est donc une plaie cutanée superficielle. Et j’insiste sur ce fait, qui ne justifie pas qu’un procédé adapté aux grands brûlés soit utilisé, et je pense même qu’en faire de trop est bien souvent contre-productif.
Cependant, tout n’est pas à rejeter dans les pansements « seconde peau ».
En effet, il arrive que des séances de tatouagelongues sur des grandes pièces soient particulièrement éprouvantes pour la peau. Dans ces cas-là, je conseille de garder le film alimentaire que je place à la fin de la séance jusqu’au lendemain, ou bien s’il a été enlevé pour une douche, d’en remettre un avec de la crème cicatrisante en-dessous. Car dans le cas des grosses séances traumatisantes pour la peau, le contact d’un tissu sur une peau dont l’épiderme a été abrasé par les aiguilles peut être particulièrement pénible, voire douloureux. Isoler le tatouage par un film, est dans ce cas salutaire. Mais il faut absolument enlever ce film au bout de 24h maximum, et ensuite laisser respirer et sécher . On s’aperçoit d’ailleurs qu’à ce terme, la peau supporte très bien d’être laissée sans pansement de protection.
Le film alimentaire remplit ici le même rôle qu’un pansement dit de « seconde peau ». On pourrait donc à la place de ce film alimentaire utiliser un pansement « seconde peau » pour le temps d’une nuit ou d’une journée. Mais pas davantage. Un tatouage en cicatrisation a besoin de respirer, et de ne pas être maintenu à macérer dans l’humidité: il s’agit d’une cicatrisation simple qui ne nécessite pas de soins extrêmes. Vous pouvez vous référer à mon article sur la cicatrisation pour les détails concernant celle-ci.